lundi 23 mars 2020

Pandémie: on a tout un monde à (re)-bâtir. Revenu de citoyenneté (Texte #3)


« Nous faisons face à un virus qui n’avait jamais été détecté chez l’humain il y a à peine 6 mois. Il a maintenant été dépisté dans 173/195 pays et nous avons confirmé plus de 375,000 cas et 16,000 décès en date du 23 mars 2020. (800,000 cas et 40,000 décès 8 jours plus tard)
Ne pas éradiquer le virus implique qu’il peut revenir partout sur la planète en moins de 6 mois : Il vient de le faire, il pourra le refaire. C’est ce qu’il faut surtout comprendre. C’est sérieux.
Pour résumer la situation : Nous ne voulons pas vivre ça chaque année et c’est pourquoi les efforts des prochains mois sont importants et le sacrifice des prochaines semaines et années sont essentiels.
MERCI de suivre les mesures de sécurité proposées par les autorités de santé publique. Ayons confiance aux autorités sanitaires et restons quotidiennement informés sur les nouvelles recommandations du jour. C’est notre devoir de citoyens et citoyennes. »

*Avant de lire cet article de blog, je vous invite à commencer par lire le « Texte #1 » (et suivants) pour la mise en contexte.

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On pouvait s’attendre à ce que le premier thème abordé dans cette série soit celui des services de santé et de gestion de crise de l’État. Mais non. Je laisse ça aux experts : ils font de leur mieux dans cette situation inédite et nouvelle. Ils testent les théories de gestion de pandémie dans la pratique en visant les meilleurs résultats. Je suis rassuré de voir que nos gouvernements font passer la santé avant l'économie. Mais l'économie est aussi ce qui permet à plusieurs de nourrir leur famille: tout le monde n'es pas producteur d'aliments.

Aujourd’hui, je veux qu’on réfléchisse sur le revenu de citoyenneté (ou « revenu minimal garantit » : ces deux concepts sont légèrement différents mais l’intention derrière les deux est la même).
Le principe de base de ce revenu (plusieurs versions existent concernant l'éligibilité: gardons ça simple): Toutes les personnes vivant au pays reçoivent un revenu chaque mois, sans discrimination, et on en rembourse une partie plus ou moins grande au moment de payer nos impôts à la fin de l'année, selon notre revenu annuel.
Ce revenu remplacerait les deux programmes actuels dont notre société s’est doté pour garantir un revenu aux familles : L’assurance sociale et l’assurance emploi. 
Certaines personnes ont ramené l'idée du revenu de citoyenneté dans le débat public cette semaine en disant que ça aurait permis de soutenir l’économie pendant la crise. 
Oui. Ça aurait permis ça. Bien sûr.
En attendant, des mesures d'urgences ont été mises en place par nos gouvernements (de façon temporaire) pour assurer un revenu aux familles qui en ont besoin. C'est vraiment mieux que rien.
La paix sociale sera plus facile à maintenir si tout le monde peut manger à court terme.

Pour ma part, j’adopterai l’angle du revenu de citoyenneté comme outil de santé publique. L’économie nationale attendra son tour.

Selon moi, les inégalités sociales créent un risque sanitaire pour l’ensemble des citoyens.
Observons la situation et simplifions-la à l’extrême afin de comprendre pourquoi et comment.

Cas fictif (j’ai la chance d’être bien entouré) :
    • On l’appelle Ben : 40 ans, deux enfants. 
    • La semaine dernière, il a perdu son nouvel emploi dans une boutique de vélos.
    • Ben n’a pas d’économies ni un réseau d’entraide en mesure de le soutenir financièrement pendant les prochaines semaines.
    • Nous sommes le 23 mars 2020 à Granby.
    • Ben doit nourrir sa famille.
Des « Ben », il y en a beaucoup plus qu’on pense. 
Plus d'un million de demandes de chômage au Canada depuis le début du confinement. 
On devine la présence de plusieurs « Ben » dans le lot.

En attendant les programmes d’aide gouvernementaux qui sont en train de s’organiser, Ben n’a pas les moyens de payer l’épicerie de la semaine. 
Il doit trouver de l’argent et que sa famille puisse manger dans les prochains jours.

Par chance pour lui et pour sa famille, il est habile de ses mains et décide d’offrir ses services pour faire des petites rénovations chez les gens de son quartier. Il passe une annonce sur les réseaux sociaux et il trouve 4-5 contrats. Il réussit à subvenir aux besoins de sa famille.
Selon le regard de chacun:
1- À première vue, une histoire qui finit bien.
2- Ben est un irresponsable.

Comme l’argent entre au compte-goutte, un peu tous les jours, l’épicerie se fait au quotidien car il n’y avait pas de réserves dans le garde-manger de Ben… ni dans son compte en banque. Ben sort beaucoup plus qu'on aimerait.

Un de ses clients de peinture, paraissant pourtant en pleine forme, était un porteur asymptomatique du virus.
Ben est devenu porteur.
Sa famille est devenue porteuse.
Ses autres clients et clientes, parmi lesquels des personnes âgées, sont devenus porteurs et porteuses.
Le virus a été amené plusieurs fois au supermarché…
Voilà. On comprend le principe.

Si Ben n’avait pas eu à aller travailler : des dizaines de cas auraient pu être évités. Et on aurait sauvé une ou deux vies. Ou 10? Ou 20? Impossible à dire.
Avoir été dans la situation de Ben, j’aurais probablement agis de la même façon en étant le plus prudent possible (bien sûr).
Individuellement, en temps de crise, s’assurer de nourrir sa famille devient LA priorité.
On n’a pas le droit de lui en vouloir personnellement.

C’est collectivement que nous devons mettre en place un filet social permettant d’éviter que des gens aient à prendre ce genre de décisions. 

La question est donc la suivante :
Combien de cas comme celui de Ben pourrait-on éviter avec un revenu de citoyenneté?
Je ne saurais dire exactement : le nombre n’est pas important. 
L’important est de comprendre que ce filet social est une assurance pour nous tous. 
De comprendre que, en aidant Ben, on se donne collectivement plus de chances de contrôler l’expansion de la prochaine épidémie.

Je vous invite à faire vos recherches sur le sujet du revenu de citoyenneté : les avantages d’un tel outil sont nombreux. C’est, entre autres, un outil favorisant l’égalité : TOUTES les personnes l’auraient et ensuite ce serait à chacun de décider de combien de revenu supplémentaire sa famille a envie d’avoir accès.
Fini les préjugés? Peut-être pas... mais il y en aura un peu moins.

Aujourd’hui, je ne voulais que vous démontrer que ce revenu minimum garantit peut être aussi un outil de santé publique.

Le prochain sujet? 
Probablement la décroissance économique... mais peut-être pas! 
Je suis aussi tenté de vous parler de mon amour pour le jardinage...
Bah... je ferai peut-être les deux!
P.S.
** En attendant la mise en place d’un revenu de citoyenneté, il serait indiqué de ne pas utiliser l’argent des taxes pour la transférer aux propriétaires immobiliers : il faudrait plutôt suspendre les paiements des hypothèques et des loyers afin que les gens puissent tous pouvoir mettre leur alimentation en priorité.
Les banques sont riches, 50 milliards de profits l'an dernier au Canada. Exigeons-leur de faire leur part en suspendant ces paiements.
L’électricité et les services de communication devront peut-être également offrir la possibilité de suspendre ou reporter les paiements tout en offrant une réduction de tarifs. Ce sont des services essentiels.
Nous avons les moyens de faire ça: c'est une question de volonté politique.

Suite, texte#4

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