jeudi 2 juin 2022

Immigrant à Toronto

Nous sommes à Toronto.

María, hispanophone, quitte la maison. « Qué tenga buen día », dit-elle à sa mère en quittant la maison.

Pavel, russophone, quitte la maison. « До свидания » dit-il à son amoureuse. (merci aux traducteurs en ligne… je croise les doigts pour la justesse!)

Federico… salue ses proches en italien…

Muntse… en catalán…

Xin Xian… en mandarin…

Olivier, dit un beau « Bonne journée à sa famille » …en français.

Tout le monde arrive au travail. Tous et toutes se parlent en anglais.

Chaque personne utilise l’anglais comme langue commune.

Au travail.

À l’épicerie.

Sur le trottoir.

Au restaurant.

L’anglais est la langue commune à Toronto.

 

María, est contente de continuer de parler la langue de sa mère.

Pavel est content de parler à celle qu’il aime dans la langue qui a bercé son enfance.

Federico adore pouvoir retrouver la vitalité et l’énergie de l’expression dans la langue italienne.

Muntse se fait un devoir de préserver l’existence du catalan…

ETC.


Et tout le monde parle avec les autres en anglais. 

Évidemment. 

Même si tout le monde parle sa langue à la maison.

 

Mais si Muntse tombe amoureuse de Xin Xian… la langue parlée à la maison sera très probablement l’anglais. Nous sommes à Totonto. Et c’est la langue commune de ces deux personnes.

 

Demander aux gens de renier qui ils et elles sont : c’est irréaliste.


Pensez-y (honnêtement) pour vous-même : 

Si vous déménagez en Allemagne (par exemple). Vous risquez de continuer de parler français à la maison et d’utiliser l’allemand quand vous serez à l’aise (et peut-être l’anglais « en attendant »). Mais vos enfants parleront allemand car leurs amis parleront allemand, car ils et elles iront à l’école en allemand.

Voilà. Faites vous-même le parallèle avec les positions du gouvernement Legault. Ce nationalisme identitaire peut rapidement devenir dangereux. C’est par un vivre-ensemble agréable que cette intégration sera harmonieuse… moins nous sommes accueillants et plus les gens se retourneront vers leur communauté d'origine. On ferait la même chose à leur place.

Bref, François Legault parlerait français à la maison s'il habitait à Toronto. Voilà!

 

Sur un autre sujet :

C’est drôle comment on trouve des milliards de dollars pour la guerre en Ukraine mais qu’on n’est pas capables de mettre l’argent qu’on s’est engagé à mettre pour la lutte aux changements climatiques.

Quel monde voulez-vous pour vos enfants?

 

mardi 1 mars 2022

Choisir la paix

Parfois on se demande quoi faire quand on se sent impuissant.

Moi j’écris.

----

Je suis un pacifiste. (même si j'ai un caractère parfois explosif!)

J’aurais voulu que la situation en Ukraine soit évitée et je suis triste pour toutes les victimes innocentes du conflit. Pour les morts, oui. Mais surtout pour les (sur)vivants.

Triste pour les familles qui seront détruites, souvent privées d’un père mort au combat dans la défense de quelque chose qu’on appelle "la Nation" ou "la liberté" ou "la démocratie". Moi je ne sais pas ce que c’est que d’avoir un père mort trop jeune, pendant une guerre… mais de perdre un parent quand on est jeune, je sais que ça a des impacts que je ne souhaite à aucun enfant.

Bref : Ils seront beaucoup de familles dans cette situation si la guerre n’arrête pas rapidement.

----

J’aimerais, s’il vous plaît, qu’on continue à parler de paix. C’est important la paix.

Vous savez, "vouloir gagner la guerre" : c’est très différent de "vouloir la paix".

Ça fait seulement une semaine que les soldats russes sont entrés en Ukraine. Ça a pris à peine trois jours pour que les leaders de la communauté internationale délaissent l’espoir de paix, l’espoir qu’on évite le conflit ou qu'on y mette fin le plus tôt possible... et on dérive maintenant vers un discours guerrier.

Pour ça aussi je suis triste. Très triste. Et déçu.

----

Notre génération préfère souvent la fiction à la réalité. Peut-être parce que la fiction fait moins peur que la réalité. Ça s’explique.

On préfère passer des dizaines d’heures à regarder la série «Narco» que de regarder des documentaires sur les vrais cartels. On préfère regarder «Don’t look up» qu’un documentaire sur la crise climatique.

Chose certaine, notre vision de la réalité est de plus en plus influencée par les fictions. Les deux peuvent même se confondre.

Pour commencer et vous faire plaisir, je vous propose donc une fiction (car les faits réels sont accessoires dans la réflexion).

----

J’aimerais qu’on prenne un moment pour s’imaginer un scénario fictif qui nous semble impossible… mais un scénario qui nous permettra de nous placer un peu nous-même dans la peau de ceux et celles qui le vivent. Je ne prétends pas faire un parallèle réaliste ou précis avec les événements de la dernière semaine. Je veux simplement qu’on regarde la situation sous un nouvel angle.

Donc, nous sommes au Canada :

Imaginons un mouvement indépendantiste en Alberta.

Imaginons que ce mouvement serait "pro-USA" et qu’il aime aussi beaucoup les armes à feu.

Imaginons maintenant un Président "difficile à prévoir" au pouvoir aux USA, qui aurait été réélu et qui appuierait les territoires sécessionnistes albertains pendant plusieurs années en plaidant le droit à l’autodétermination des peuples (Droit qui est d'ailleurs garanti par les Nations Unies).

Cette mise en situation se pourrait presque. (mais heureusement: pas pour l'instant)

La situation de départ serait donc celle-là. Donc, c'est parti!

Nous, on est au Québec et on voit ça aller, de loin, depuis longtemps. Il y a des tensions à l’autre bout du pays, parfois des combats et quelques morts. Le mouvement Albertain a choisi la résistance armée plutôt que le référendum comme outil pour atteindre son indépendance. Ça se fait comme ça partout sur la planète. C’est une façon réaliste d’atteindre l’objectif de créer un pays: qu'on approuve ou pas cette méthode. (D’ailleurs, nommez-moi un territoire qui a réussit à devenir indépendant par le vote et non par les armes...)

On s'en doute, le Gouvernement Canadien n’a pas envie de donner son indépendance de cette façon à l'Alberta ni de laisser ce bout de territoire aux mains des USA. Depuis des années, le pays tente de son mieux de maintenir son intégrité territoriale. Il cherche un équilibre, avec le moins d’affrontements possible, et essaie de contenir l’expansion du mouvement par des campagnes d'information (ou de propagande) et d'unité nationale... ainsi que par un niveau de menace d'intervention militaire et quelques missions ciblées.

Mais le mouvement indépendantiste a beaucoup de partisans et a réussi à prendre le contrôle de tout le sud de l’Alberta, presque jusqu’à Red Deer où l’armée canadienne s’est installée ainsi que tout au long des limites du Manitoba et de la Colombie-Britannique. Mais c’est toute l’Alberta qu’ils aimeraient libérer du Canada.

Et voilà la surprise: Par un matin de février, les USA disent au Gouvernement Canadien: "On reconnaît l’indépendance du mouvement Albertain et son territoire. On va entrer les appuyer dans les territoires qu’ils occupent afin que cessent les tensions avec votre gouvernement. Si vous n’offrez pas de résistance, personne ne sera blessé mais si vous osez tenter de nous bloquer le passage, sachez que nous avons les moyens de vous anéantir et que nous n’hésiterons pas à le faire."

**Rappelez-vous qu’on a établi que les USA de ce scénario avaient un président imprévisible.

Or, le Canada ne compte pas laisser le voisin américain envahir son territoire car c’est interdit selon les Nations Unies. Les USA devront le comprendre, suivre les règles et reculer. La menace n'est probablement pas sérieuse... Et pourtant... Les troupes de l’armée américaine traversent la frontière canadienne. Nos douaniers leurs lancent un «FUCK YOU» et se mettent à tirer sur les troupes américaines qui pénètrent le territoire. La réplique est sans merci : Treize agents frontaliers y laissent leurs vies et notre gouvernement en fait immédiatement des martyrs, des héros nationaux. Notre gouvernement valorise ce sacrifice sur toutes les plateformes: radio, télé, Internet. D'ailleurs, Justin reprend son habitude de "selfies" et se photographie avec sa famille en disant "nous ne quittons pas le pays et nous le défendrons car nous sommes des patriotes et non des traîtres".

Nous, on regarde ça depuis le Québec. Le pays est sous attaque mais ça semble loin de notre réalité. Irréaliste.

Des combats s’intensifient en Alberta et cette résistance cause la furie chez l’ennemi qui lance une attaque sur nos infrastructures stratégiques dans tout le pays : Aéroports, bases militaires, stations de radios et de télévision… et bien sûr quelques tirs atteignent des cibles civiles et font des victimes innocentes. Ça bombarde partout : au Québec aussi… même si on n’a vraiment rien à voir avec le mouvement Albertain.

Est-ce que le Président américain veut éventuellement annexer les territoires du sud seulement ou plutôt toute l’Alberta... et par la même occasion s’accaparer ses ressources naturelles? On ne peut pas vraiment le savoir. Mais on peut prévoir qu’il est imprévisible. Même s'il nous avait prévenus qu'il attaquerait fort si nous résistions, nous ne l'avions pas cru prêt à attaquer l'ensemble du pays le jour même. Il faut prendre ses menaces au sérieux.

Partout sur la planète les gens sont solidaires avec les Canadiens. Parce que ce qui nous arrive est insensé, inadmissible, injuste et inacceptable.

Les Albertains non-séparatistes se battent pour le Canada. De fiers canadiens de tous les coins du pays décident aussi de se battre pour défendre l’intégrité nationale contre le Président fou. Pour répondre aux attaques du voisin ennemi. Un ennemi beaucoup plus fort que nous, il va sans dire. Mais nous ne sommes plus rationnels: on se bat parce qu'on nous a convaincu que c'était notre devoir.

Plusieurs personnes quittent cependant le pays. Les USA ont d’ailleurs ouvert les bras à ceux et celles qui voudraient se réfugier en attendant la fin des combats.

Comme les aéroports ne sont plus fonctionnels pour ceux ne choisissant pas l’exil aux États-Unis : Des bateaux s’organisent également depuis Halifax et Terre-Neuve pour les Canadiens qui voudraient quitter vers l’Europe ou les Caraïbes… ainsi que depuis Vancouver pour quitter vers l’Asie ou le Mexique.

Mais voilà. Moi j’aimerais bien partir pour le Mexique ou les Caraïbes (y’a des choses qui ne changent pas même dans un scénario imaginaire!) mais le gouvernement canadien dit que je dois rester et combattre l’ennemi de la Patrie. Il m’est interdit de quitter le pays car je suis un homme en âge de combattre. Je dois aller mourir pour le Canada. Autour de moi, plein de pères de familles disent adieu à leurs enfants dans des pleurs déchirants. Notre pays nous transforme en chair à canon et les téléspectateurs internationaux applaudissent notre courage et notre résistance nationaliste face à l’invasion.

Ces images font le tour du monde et toute la planète est touchée. Normal. C’est insupportable.

Moi j’aimerais que mon gouvernement lâche prise et reconnaisse l’indépendance de l’Alberta. C’est la seule façon de mettre fin à l’attaque Américaine. Mais le Canada décide d’inviter au patriotisme et nos pays alliés nous envoient des armes et financent notre résistance tout en appliquant des sanctions économiques aux USA. C’est un engrenage guerrier malsain qui est nourrit par l’appui international.

J’aimerais aussi que mon gouvernement respecte mon choix de ne pas faire partie du combat armé. Et ma liberté de pensée qui m'était garantie par la Charte des droits et libertés? Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir nous battre et à le faire par obligation. J’aimerais que la communauté internationale dénonce le Canada qui m’oblige à me battre (et/ou à mourir). Mais les pays Alliés ont soif d’une victoire et mon destin personnel ne les importe que peu.

Puis, sans qu’on s’y attende, le Président américain décide de brandir la menace nucléaire. En plus, les USA sont le seul pays l’ayant utilisée sur des populations humaines par le passé. Rien de rassurant.

Mais le Canada et le reste du monde s’entête à vouloir sauver l’Alberta de l’emprise de l’Empire américain… "La démocratie et l’intégrité du territoire canadien sont en jeu. Blablabla..."

Est-ce qu’on peut savoir jusqu’où le conflit va dégénérer et est-on prêt à risquer une guerre mondiale ou nucléaire pour ça, pour l'Alberta et le principe de l'intégrité du territoire national?

Sérieusement, ce n’est peut-être pas le scénario idéal mais on devrait peut-être accepter de perdre l’Alberta et éviter une escalade du conflit. L’intégrité territoriale du Canada (ou de n’importe quel pays) ne vaut pas la possibilité d’une guerre mondiale ou nucléaire.

Avec un peu de chance, une fois que le Président sera mort, peut-être que l’Alberta voudra réintégrer le Canada… ou pas… Est-ce vraiment important? Moi je dis non. On trouvera un nouvel équilibre.

Les frontières entre les pays, ça change toujours.

Pensons-y : Depuis qu’on est nés, la carte du monde a beaucoup changée. (Selon votre âge, vous constaterez des changements plus ou moins importants.)

----

Ce qui nous aide parfois à réfléchir "outside the box", c’est de décontextualiser totalement. De créer une situation permettant de réfléchir à la base, sans donner trop d'importances aux faits et en se rappelant plutôt des priorités.

Perdre cette bataille pour éviter la guerre. Ce n'est pas vraiment une défaite, quand on y pense.

Pensons-y...

----

Même si la plupart d’entre nous ne comprenons pas vraiment tout à fait la situation en Ukraine et toutes ses subtilités (historiques, culturelles, geostratégiques, etc), je trouve ça beau de voir qu’on est collectivement sensibles et touchés par ce qui se passe. On espérerait la même solidarité émotionnelle des citoyens du monde si un conflit éclatait chez nous comme dans notre exemple inventé.

On est tous émus par ces enfants qui quittent leurs pères en ne sachant pas s’ils vont les revoir. Mais ça ne veut pas dire qu’on doive applaudir ce nationalisme suicidaire… Beaucoup d’Ukrainiens mourront en voulant défendre leur drapeau. Ces morts pourraient probablement être évitées si on acceptait de laisser la Russie gagner quelques points de sa listes de négociation. 

Je refuse aujourd'hui et je refuserai toujours de dire que c’est courageux qu’un enseignant décide de se battre contre des soldats professionnels : c’est plutôt de la folie, du suicide. Applaudir le suicide, il me semble que ça va à l'encontre de nos valeurs. On travaille tellement fort en prévention du suicide chez nous!

----

L'irrationalité.

On dit que Poutine est irrationnel. 

Que dire de "Forcer les hommes de plus de 18 ans qui ne sont pas des soldats à aller mourir au combat"? Ça me semble très irrationnel. C’est, selon moi, inacceptable et injuste. Nos médias et nos gouvernements disent que c'est du leadership de la part du Président ukrainien. Du beau Patriotisme.

Quand je vois nos lecteurs de nouvelles souligner le courage de cette député Ukrainienne qui s’est équipée d’une Kalashnikov pour défendre sa famille et son pays : j’ai mal au cœur. Ce n'est pas courageux, c'est con.

Quand je nous vois présenter les images d'Ukrainiens qui applaudissent quand leurs drones détruisent les chars d’assaut Russes : j’ai mal au cœur. Je comprends le sentiments de ces Ukrainiens mais je trouve triste qu'on approuve cette escalade de violence.

Je ne me réjouirai jamais de la violence inutile et je refuse de participer à cette logique de "nous sommes les gentils et eux sont les méchants". Nos mesures de sanctions économiques vont affamer des millions d'enfants Russes. Nous serons leurs méchants pendant une génération entière. Bien qu'on dise que c'est de la faute des actions de leurs gouvernements: ce n'est pas cette version de la réalité qui leur sera présentée. Et surtout: Ces enfants méritent-ils cela? Pensez-y avec votre cœur.

On a beau dire que notre ennemi est irrationnel, la logique de la guerre nous a enivré et rendus tout autant irrationnels! Sérieusement : ça me désole.

Je veux aussi dire que, des deux côtés du conflit il y a des gens qui sont contre la guerre. Il y a des humains dotés de bon sens autant chez les civils que chez les soldats des deux camps.

Bien sûr, je suis ému par cette jeune femme qui a peur pour son frère qui devra prendre part aux combats à Kiev mais je ne peux approuver la logique guerrière derrière son sentiment de fierté face à cette résistance. Je refuse d’applaudir "le courage" de ceux qui prennent les armes au nom d’un drapeau.

Je suis surtout en furie de voir le Canada envoyer des armes, comme le font les autres pays occidentaux. Je suis vraiment déçu. Tout ce que j’attendais de mon pays, puisque nous sommes sur un autre continent, c’est qu’il puisse accueillir les familles de nos concitoyens d’origine Ukrainienne. Mais surtout, je m’attendais à ce que le Canada tienne un discours valorisant la paix sur la scène internationale.

Ce discours s’est effacé. Le monde a besoin de pays qui parlent au nom de la paix, pas seulement d’unité contre un ennemi et son drapeau. L’ennemi c’est la guerre.

Le vrai courage c’est d’oser une chance à la paix en ne participant pas aux violences.  

----

J'ai beau ne pas approuver l'invasion de l'Ukraine, ça ne change en rien que les chars et les soldats russes sont partout sur le territoire. À partir de ce fait sur lequel nous n'avons pas d'emprise, il faut travailler à améliorer la situation.

Pourquoi je réaffirme l’importance de retrouver la paix?

Parce qu’un des deux belligérants possède l’arme nucléaire et, dans le stress et l’irrationalité du conflit, rien ne garantit qu’il ne va pas s’en servir. Et ce serait irréversible. 

Nous nous devons d’avoir la sagesse d’éviter ce scénario. Je dis que, si nos pays considèrent que l’ennemi n’a pas cette sagesse : redoublons de sagesse de notre côté.

Redoublons de sagesse. N’appuyons pas les combats. N'envoyons pas d'armes. Négocions la paix, quitte à accepter des conditions imparfaites: tout est mieux que la guerre.

Si on ne fait pas ça: on n'est pas mieux que l'ennemi.

----

Désormais : Plus personne ne parle de paix.

Tout le monde est trop occupé à analyser la réponse face à la Russie.

Tout le monde veut gagner la guerre.

Moi je veux qu’on évite la guerre, comme on le souhaitait il y a une semaine à peine : je n’ai pas changé d’opinion.

----

Dans le livre 1984 de Orwell, on pouvait lire le slogan "La guerre c’est la paix" et "Le mensonge c’est la vérité". Réfléchissons à ça. On ne veut pas aller là… même si on y est peut-être déjà un peu.

----

Je me répète beaucoup parce que c’est important et parce que je dois répéter autant que les chaînes de nouvelles en continu si je veux faire contrepoids!

...Et parce que plus personne ne s'accroche à ce discours:

La solidarité avec les Ukrainiens c’est quoi?

Personnellement, je crois que c’est de travailler à ramener la paix.

Présentement, nos gouvernements ont choisi d’aider l’Ukraine à faire la guerre. Quelle erreur. Quelle horreur!

Ça me paraît très triste que tous ces pays alignent leurs drapeaux sur le champ de bataille.

Dans la guerre : tout le monde est méchant.

Mourir pour un drapeau… c'est le choix qui a été fait.

Alors… je n’ai d’autres que choix que de proposer l’arrivée d’un nouveau drapeau : Le blanc.

Car c’est le seul drapeau pour lequel il est interdit de mourir.

Drapeaux blancs, s’il-vous-plaît.

Et la paix.

lundi 24 mai 2021

Pourquoi je ne me ferai pas vacciner en 2021.

Je voudrais commencer par parler de timing.

Au début, je voulais publier ce texte après le 24 juin. C’était la date à laquelle le gouvernement du Québec avait promis que "tous les adultes qui veulent se faire vacciner contre la COVID-19 seront vaccinés". On avait besoin d'une cohésion dans la stratégie collective de lutte à la pandémie: je ne voulais pas nuire à ça. 

Ensuite, le gouvernement a annoncé qu’on avait atteint le seuil de vaccination visé au Québec pour cet été et le plan de "déconfinement" a été annoncé. 

Alors je me suis demandé si je devais attendre encore (ou pas) avant de prendre position publiquement. Car tout est dans le timing. La cohésion a fait son travail, il est maintenant le temps d'aborder le sujet de la cohérence.

Soyons clair: Il faut que les doses de vaccins finissent dans des bras et je ne veux convaincre personne du contraire. Ce texte vise à expliquer de façon rationnelle ma position personnelle et je n'ai aucun désir de convaincre qui que ce soit de faire comme moi. À chacun sa vie et ses expériences et sa perception du monde.

J’avais envie que les gens comprennent pourquoi je n’irai pas manger dans un restaurant cet été, ni boire sur une terrasse, pourquoi je ne vais pas enlever mon masque lorsque je sens que "je me sentirais mieux si je le gardais". Envie aussi que les gens comprennent pourquoi je refuserai de participer à certains rassemblements. De toute façon, si un "passeport vaccinal" est mis en place je n’aurai même pas à faire d’effort pour m’exclure des situations "à potentiel de contagion élevé": je n'aurai pas le droit. (En espérant, bien sûr que cette histoire de passeport vaccinal soit temporaire d'ici à ce qu'une immunité collective mondiale soit atteinte ou qu'on classe enfin ce virus avec les autres auxquels nous sommes habitués.)

Parce que : loin de moi l’idée de me positionner contre la vaccination.

C’est un outil qui a fait ses preuves contre une kyrielle de maladies et de virus.

Je pourrais d’ailleurs vous montrer mon carnet de vaccination et vous verriez rapidement que je suis probablement parmi le 10% des personnes les plus vaccinées au pays. Donc non : mon choix n’est vraiment pas motivé par une position anti-vaccin. VRAIMENT pas.

Alors c’est ça : Je ne me ferai pas vacciner cette année.

Mais pourquoi alors?

Êtes-vous déjà allés à LaRonde et fait la très longue file pendant que les gens avec la "passe-flash" ne faisaient pas la file et passaient devant vous parce qu’ils avaient payé plus cher leur droit d'entrée? C’est en grande partie ça, mon argument principal : Je refuse de passer avant les autres parce que mon pays a de l’argent. Surtout que je viens d'un pays qui ne produit pas de vaccins alors que des pays producteurs n'ont même pas 10% de leurs populations vaccinées (dont leur 1% le plus riche, ces gens sont prioritaires, ils doivent voyager et avoir une vie "normale", bien sûr!).

Je pense que ce serait bien d’atteindre une immunité collective mondiale. (Pour bien d'autres maladies aussi, en passant.) Je la souhaite tout en sachant que, comme pour la grippe, les variants de la COVID qui apparaîtront au fil du temps feront probablement leurs lots de morts annuellement. Après tout, une protection de 90% n'est pas une protection de 100%.

Gardons en tête aussi que les virus ne connaissent pas le principe des frontières politiques: Selon moi, on doit s'assurer de protéger les populations plus à risque en priorité et je n'en fais pas partie, évidemment.

Bien sûr, la dose que je me refuse à accepter cette année de se retrouvera pas pour autant dans le bras d’une travailleuse de la santé Brésilienne ou Indienne ou chez une personne de 70 ans à Port-au-Prince. Je le sais bien. Mais ce n’est pas une raison pour que j’accepte mon privilège et que je passe avant ces gens. On est sur le point de jeter des doses au Canada et la pression est forte pour que j'accepte la mienne plutôt que de la jeter. C'est comme forcer un végétarien à manger le restant des steaks des enfants sous prétexte que "l'animal est déjà mort et qu'on ne peut pas téléporter l'assiette aux gens dans des zones de famines". Moi je dis: fallait se prendre une plus petite portion et éviter le gaspillage. La responsabilité est sur les épaules de la personne qui a fait les assiettes, pas sur la personne qui ne veut pas manger.

J’ai passé à travers la dernière année sans vaccin dans une société non vaccinée : je suis capable de le faire encore pendant un an dans un environnement vacciné à 75%. Bien sûr, certains variants sont plus contagieux. Bien sûr, les gens vaccinés et porteurs risquent de me contaminer. Et au pire du pire: j'attrapperai le virus même en faisant mon possible pour ne pas que ça m'arrive.

Vous êtes vaccinés? Vos parents aussi? Tout va bien: Je ne vous mettrai pas en danger. Vous n'avez pas à me craindre. Ceci dit, suis-je moins responsable en refusant de me faire vacciner ou vous l'êtes en refusant de continuer de porter un masque? L'avenir le dira.

Mon moral est bon et c’est loin d’être si difficile pour moi de continuer de limiter mes contacts avec les autres et de faire "relativement" attention. La senté mentale étant à l'ordre du jour ces temps-ci: je vous rassure.

L’OMS demande à nos pays de retarder la vaccination des enfants afin de pouvoir avoir les doses nécessaires disponibles pour les populations vulnérables des pays plus pauvres. Mais nous, ça fait longtemps qu'on ne vaccine plus pour des questions d’empêcher des morts : on veut un retour aux activités économiques et à la vie normale. On veut la "passe-flash" pour nous et recommencer à "profiter de notre situation de privilégiés" sans trop nous préoccuper du sort du monde et de la planète. On veut une troisième dose pour "voyager". C'est à cette vie qu'on est habitué. (lisez le sarcasme, s'il-vous-plaît)

Et nos gouvernements se doivent de répondre à leurs citoyens: ils nous représentent. Je les comprends et je ne les blâme pas, c’est la démocratie. Les gens veulent qu’on prenne la "passe-flash" alors on la prend. Les gouvernements ne sont pas élus pour pratiquer la solidarité internationale et c'est pareil partout. Bienvenue dans le "real-politik". Peu importe aux citoyens d’ici que les infirmières de la zone rouge de Mumbaï ne soient pas vaccinées : on passe devant elles dans la file mondiale en leur chuchotant tout bas "je m’excuse"… On peut même ajouter "Soyez patientes, votre tour s'en vient!" "Merci"" et "Bravo" pour avoir la conscience tranquile.

Moi, j’ai besoin d’avoir la conscience tranquile pour arriver à dormir la nuit. Je ne l'aurais pas si j'allais me faire vacciner en 2021. J'irai peut-être en 2022... ou en 2023... ou jamais. Faudra analyser l'évolution de la situation. Comme tout le monde, j'irai quand j'aurai l'impression que ce sera mon tour.

Ceci étant dit, nos médias diffusent la position de l’OMS, bien sûr. Mais donne-t-on l'importance qu'elle mérite à cette position? Je cite: "L’OMS demande aux pays riches de reporter la vaccination des jeunes et, par le biais du programme COVAX, de permettre aux populations à risque dans tous les pays d’avoir accès aux vaccins." ou "La pandémie ne sera pas finie dans aucun pays tant qu’elle ne sera pas finie dans tous les pays.". 

Les médias nous diffusent ce message de l’OMS, oui, en 30 secondes... puis on passe les 30 minutes suivantes à pousser nos citoyens à se faire vacciner et à applaudir les résultats d’ici et à nous comparer avec les autres provinces et avec les autres pays occidentaux. Et à se demander pourquoi ça ne va pas plus vite et à louanger le retour à la vie normale. Un exercice autant inutile que ridicule (référez-vous à la position de l’OMS pour un rappel à la réalité pandémique et rappelez-vous que cette pandémie a commencée avec UN SEUL CAS alors… c'est pas fini tant que c'est pas fini!). Mais je comprends pourquoi les médias font ça: on ne veut pas donner d'arguments aux citoyens qu'on a qualifiés de "anti-vaccins". 

Bref, pour revenir à la "passe-flash" qui permet de ne pas faire la file… 

Comprenons-nous : attendre dans la file n’est pas un plaisir pour personne. Mais si j’ai le choix entre "prendre la passe et passer devant les autres" ou "attendre mon tour" ou "de revenir quand la file sera moins longue" : je ne choisis pas de dépasser. Je n'ai jamais aimé dépasser ceux et celles qui attendent. Je ne vais pas commencer à faire ça: autant mondialement que localement.

La file d’attente ne s’arrête pas aux limites de nos frontières, elle est mondiale. 

J’attendrai mon tour et je vous laisse passer devant moi avec le sourire: "Après vous, mes chers!"

Je ne voyagerai pas cette année.

Je laverai mes mains souvent.

Je mettrai mon masque.

Je ne vous prendrai pas dans mes bras comme j’en avais l’habitude.

Ça va bien aller quand même 😉

vendredi 8 janvier 2021

Un état policier? Vraiment?

Dernièrement, avec les questions des dénonciations de rassemblements de voisins (encouragées par certaines autorités) ainsi qu'avec les questions de re-confinement plus stricte et de couvre-feu qui entrera en vigueur au Québec, le terme "État policier" a fait son apparition dans le vocabulaire de certains de nos concitoyens. Je l'ai peut-être moi-même utilisé dans des moments d'impatience! Mais, quand j'y pense un peu, je ne crois pas que ce soit l'appellation adéquate.

J'ai une série d'arguments qui ne sont pas "individuellement suffisants" mais dont l'addition me permet d'être quand même rassuré face aux intentions de nos dirigeants. Fiou!

Premièrement, je ne crois pas que le gouvernement de la CAQ soit en train de se transformer en régime autoritaire. Ni même en dictature sanitaire! On les connaît mieux que ça: Dans un monde idéal, les députéEs seraient bien heureux et heureuses de pouvoir mettre le vaccin dans nos réseaux d'eau potable et de pouvoir relancer l'économie au plus vite. La sainte croissance est leur guide suprême! (Bon, il faudrait tout de même prendre le temps d'aller vacciner dans les communautés autochtones sans eau potable mais ce serait quand même bien plus rapide que de vacciner tout le monde! 2021 et on a encore des communautés sans eau saine à boire au Québec: Ne laissons pas la pandémie nous faire oublier ça!) 

Deuxièmement, les Partis d'opposition semblent mieux jouer leur rôle pendant la deuxième vague que pendant la première vague. Personnellement, ça me rassure énormément. Dans le contexte, il me semble que nous avons un parlement qui semble fonctionnel et qui fait de son mieux pour prendre des décisions cohérentes avec sa vision de l'équilibre entre santé physique, santé mentale et "santé" économie. C'est une responsabilité énorme. Chaque pays y va de ses stratégies, chaque pays a sa réalité, chaque pays n'est pas parfait dans ses mesures. Quand on se compare, on peut par contre dire une chose: Qu'on soit d'accord ou non avec les stratégies mises en place, notre gouvernement prend la situation au sérieux et agit. On ne peut pas toujours être les meilleurs mais sachons que nous sommes loin d'être les pires.

Troisièmement, au-delà des intentions du gouvernement lui-même, ce sont les recommandations de la santé publique qui orientent les décisions. Ça fait quand même du bien de voir ce gouvernement s'habituer à écouter un certain discours scientifique. Espérons maintenant qu'il gardera la bonne habitude et fera de même sur les questions de changements climatiques. Y'a de belles courbes à contrôler là aussi!

Ceci étant dit, je continue de dénoncer une vision en silo de notre société. Nous nous en remettons trop souvent à l'opinion de trop d'experts n'ayant pas une vision assez globale en dehors de leurs champs d'expertises. Les contradictions sont inévitables: les épidémiologues voudraient des mesures plus sévères, les pédiatres veulent maintenir les enfants à l'extérieur de l'effort sanitaire, etc. Les citoyens aussi rêvent à des solutions qui leurs conviennent: les commerçants veulent ouvrir leurs commerces, tout le monde veut boucler financièrement sa fin de mois, les gens veulent enterrer leurs morts et visiter leurs malades, etc. Les seuls acteurs à qui on n'a pas demandé de contribuer, ce sont les institutions financières. Pensons-y: une grande partie de nos obligations financières finissent dans les poches des banques. Il serait grand temps qu'on leur demande de faire leur part dans cet effort collectif.

La réalité c'est qu'il est impossible de trouver des mesures qui satisfassent l'ensemble de la société mais il est impératif qu'une casi unanimité des citoyens agisse de façon responsable. Nous connaissons les bons gestes à poser mais nous ne les faisons pas tous tout le temps. Nous ne sommes pas parfaits mais nous faisons de notre mieux. Je pense que notre gouvernements fait de même, avec ses bonnes intentions, ses limites et ses contradictions. Comme nous tous.

Le défi est de trouver cet équilibre. Aucun pays n'y est arrivé à la perfection. Aucun individu non plus.

Bref, M. Legault et sa bande seraient les premiers contents de retourner à la normale... sauf peut-être Geneviève Guilbault qui a l'air d'assumer son rôle d'autorité avec un certain plaisir coupable!

Un État policier? Nous en somme bien loin. (selon moi)

Essayons d'être constructifs et positifs: à première vue, c'est cette année qu'on retrouvera une certaine tranquillité d'esprit et que la vie sociale reprendra peu à peu sa place dans nos vies. Ça aurait pu être bien plus long cette pandémie... on s'en sort collectivement relativement bien (pour cette fois!)!


lundi 27 avril 2020

COVID-19 - Vaccin ou immunité collective? Espoir et réalité.


Toujours le fun de passer 4 heures à écrire pour que, au final le "visuel soit laid" parce qu'on a fait un copier-coller au mauvais moment! 
Mon amour pour les machines ne cesse de fondre...
Mais bon... c'est la vie! 
Bonne lecture quand même!

On nous a répété plusieurs fois que seul un vaccin permettra un retour à la "vie normale".
Ça semblait assez "logique" dans le milieu de la montagne d'informations (et de désinformation) qui nous arrive au quotidien.
Pour ma part, sans être un expert, bien sûr, j'ai déjà parlé de l'idée de bâtir une immunité collective.
On dit aujourd'hui qu'il n'y a pas de preuve que ce soit possible de le faire.
Ok. Intéressant de reconsidérer la pertinence de cette option. (ou de d'autres options)
Je n'ai pas de problème avec la réalité.

Il faut toujours accepter la réalité quand on ne peut pas la transformer.

En fait, je suis même heureux de ne pas me bercer dans une fausse illusion de certitude.
Pour ceux qui me croyaient un adepte des théories du complot, désolé de vous décevoir:
Je tente d'appliquer la démarche scientifique dans ma vision du monde.
La démarche scientifique est basée sur l'importance du doute. 
Vous avez d'ailleurs le droit d'en douter!

Fait ironique, moins on connait la science, plus on a tendance à s'imaginer que les scientifiques nagent dans les certitudes: "Hey les scientifiques! Donnez-moi la date du pic épidémiologique!"
C'était, au Québec, une équation avec 8 millions de variables aléatoires... un peu impossible à prévoir avec certitude, mettons. Même pour les meilleurs mathématiciens/épidémiologistes. Les probabilités sont la moins certaines des disciplines scientifiques. D'ailleurs, malgré tous mes cours de maths, je n'ai jamais compris tout à fait ce que voulait dire "à 95% 19 fois sur 20" quand on nous donne les résultats d'un sondage scientifique. Et vous?
Oops: Je m'éloigne du sujet...

BREF:
Il n'y a pas, à ce jour, de preuve que l'immunité collective soit possible, ok.
Remarquez: pas de preuve qu'elle ne le soit pas non plus.
De plus, ce ne serait pas le premier virus ou la première maladie à être comme ça sur la planète...

Re-BREF: la vie continue.
Si c'est ça, c'est ça. On ne peut rien y changer.

Mais...
Sachons que ce constat d'incertitude, s'il est valide et accepté pour l'immunité collective, doit être valide et accepté pour le "vaccin qui nous est promis" également: l'un ne va pas sans l'autre, il me semble...

La solution miracle que l'on attend est justement fonction de cette possibilité d'une immunité collective.
Un vaccin dans 12 mois? 18 mois? 24 mois? ...il faudrait ajouter l'option "JAMAIS".
Ce n'est pas parce que l'on cherche que l'on trouve.

Une immunité collective en format injectable. Un vaccin c'est pas exactement ça?
Si vous préférez: La plupart du temps, un vaccin c'est une micro-dose de virus (ou d'un virus très semblable) permettant au corps d'apprendre à se défendre sans pour autant le mettre en danger.
Comment promettre une immunité collective avec un vaccin sans être en train de bullshitter juste un ti-peu?

La société a besoin d'un espoir, je comprends.
L'espoir joue un rôle TRÈS important même s'il n'est pas basé sur la logique ou la vérité.
La vérité n'est pas très importante lorsqu'il faut entretenir l'espoir.

Ma dissonance cognitive est là... et c'est la SEULE contradiction que je vois dans la situation actuelle.

On ne peut pas me demander d'attendre une solution (le vaccin) si on me dit que sa condition de succès (l'éventualité d'une possible immunité acquise si une personne a eu le COVID-19 et en a guérit) ne doit pas être prise pour acquis.
Sans cette immunité, le développement d'un vaccin "universel et permanent" pourrait être impossible.

Avant de poursuivre: Je précise que je ne suis pas en train de dire qu'il n'y aura jamais de vaccin.
Je dis simplement que ce n'est pas 100% sûr.
C'est comme si je vous disais que d'ici 12 à 18 mois j'aurai trouvé le secret de mon parfait bonheur.
J'espère fort... mais y'a pas de garantie! ;-)
Pour résumer simplement...

Scénario #1- L'immunité collective ne se peut pas.
Le vaccin COVID sera peut-être aussi efficace que le vaccin contre la grippe saisonnière... ou il n'y aura tout simplement pas de vaccin possible.
Le confinement servirait donc "seulement" à éviter que les hôpitaux ne soient débordés... rien de plus (c'est déjà beaucoup, bien sûr!).
C'est bien. On peut rester confinés (ou pas).
Ce serait bien qu'on le fasse (ou pas) en étant motivé par les bonnes raisons.

Dans ce scénario, comme pour la grippe, un vaccin devrait être développé chaque année et être administré en priorité aux personnes vulnérables (qui le veulent) et au personnel soignant (qui le veut)...

La population en général n'a pas besoin du vaccin mais, comme pour la grippe saisonnière, vous pouvez bien aller vous faire vacciner si vous voulez... car la grippe saisonnière aussi fait des morts chaque année, oui, oui. 
Rappelez-vous.
Scénario #2- L'immunité collective se pourrait:

On pourrait donc respecter les risques statistiques et se dé-confiner peu à peu en "suivant les règles de notre mieux" afin de ne pas faire déborder nos hôpitaux. Et en étant prêts à quelques périodes de re-confinement de 2-3 semaines dans le futur, localement ou nationalement si nécessaire.
Mission: empêcher les débordements dans les hôpitaux.
En sachant d'avance que ce seraient 2 ou 3 semaines, il n'y aurait pas de raison de paniquer autant que maintenant et on pourrait même se confiner à 100% pour vrai car on aurait un 500$/semaine avant le confinement et on nous l'annoncerait 10 jours d'avance pour qu'on puisse tous aller faire une belle épicerie..

Dans les deux scénarios présentés: rester confinés sert à éviter le débordement de nos hôpitaux et à allonger de quelques mois ou quelques années la vie de certaines personnes. C'est beaucoup. Mais c'est tout.

Pour protéger les plus fragiles, on s'est confiné pendant 6 semaines.
On peut le faire 8 semaines? 12 semaines? Pourquoi pas!
On peut se "re-confiner" un autre 3 semaines à la fin de l'été ou à l'automne pour éviter un deuxième pic épidémiologique? OK!

Mais étirer ça trop longtemps 7 jours sur 7 me semble être une mauvaise option.
Rouvrons les parcs en demandant aux gens de conserver les 2 mètres de distances.
La situation actuelle de confinement comporte beaucoup de risques pour d'autres populations "à risque" (violence familiale, santé mentale, pauvreté, etc.). 
Le dé-confinement comporte d'autres risques. On doit choisir entre différents risques.

Il n'y a pas de situation sans risque. Soyons simplement conscients de ça.

Est-ce que d'offrir, avec la belle excuse de les protéger, aux gens en fin de vie de vivre leurs derniers mois dans l'isolement et la peur est une bonne idée? Je ne sais pas. Comment leurs familles vivent-elles ça?
Est-ce que j'aimerais mieux mourir accompagné de ceux que j'aime ou survivre (ou mourir!) seul dans ma chambre?

Aucun sondage ne sera fait sur la question mais laissez-moi vous dire que, quand je serai vieux, je n'accepterai pas d'être enfermé de force sous prétexte qu'on veut "me protéger".
Je n'ai pas vécu ma vie comme ça jusqu'à maintenant et je ne la vivrai pas comme ça quand je serai vieux. Accepter le risque de mourir (tout en choisissant le niveau de risque auquel on veut s'exposer soi-même), c'est aussi ça "vivre".

Si le vaccin est possible ou non, on ne peut pas le savoir aujourd'hui.
Si dans 18 mois on se rend compte qu'on ne peut pas développer un vaccin, on fera quoi?

Ce serait bien de commencer à y penser parce que, pendant qu'on regarde des séries sur Netflix (ou ailleurs: il y en a de très bonnes, je sais, vive les créateurs!), il y a déjà des gens qui cherchent à tirer profit de la situation... des gens qui ont souvent une technologie à nous vendre.
Leur "pitch de vente" est tout prêt. Ce sera fait au nom de notre santé et de notre sécurité (GPS permettant de documenter nos déplacements dans un contexte épidémiologique, application permettant de partager nos informations médicales ou criminelles, etc.).
Puisque j'ai parlé des créateurs de séries: allez visionner quelques épisodes de "Black Mirror"... ça stimule la réflexion.

Une vie dans laquelle tous nos gestes sont surveillés ne m'intéresse pas. Et vous?

Il y a aussi la possibilité de médicaments préventifs. Bien sûr!

Remarquez, je ne prenais pas ceux contre le paludisme quand j'étais dans le Sud (info: le paludisme fait plus de mort que la COVID mais l'occident s'en fout car ces morts sont dans les pays du Sud)... on dit d'ailleurs que c'est peut-être le même médicament qui pourrait être efficace contre les deux!

Suis-je en train de critiquer la stratégie qu'on a adopté pendant cette première vague? NON.

Ceci dit, il faut apprendre, réfléchir et planifier mieux la prochaine vague. Avoir un plan d'avance.
Je crois que personne (partout dans le monde d'ailleurs) n'était prêt et que tout le monde a fait de son mieux selon son contexte, son idéologie, sa culture et ses moyens. Et bravo: je n'aurais pas voulu avoir à gérer ça.
Ce qui en rend anxieux plusieurs c'est de ne pas savoir quelles sont les options qui peuvent arriver. Connaître d'avance les options possibles, même si on ne sait pas quelles sont celles qui seront appliquées, ça pourrait permettre une meilleure gestion émotive pour tout le monde.

L'option de "ramener son parent âgé à la maison" dès le début d'une prochaine vague devrait être possible et encouragée, par exemple. L'option de retirer ou non son enfant de l'école aussi. L'option d'aller travailler ou non aussi... Mais pour que ces options soient possibles sans générer un chaos, il faut aussi savoir les encadrer de certaines normes.

Et comment faire tout ça d'une façon démocratique?
Rien n'est aussi simple que ça en a l'air.

En conclusion:

- Pour apprécier la vie, il faut la vivre.
    - Est-ce que nous aimions tant la vie que nous vivions avant le confinement?
      - Quels sont les changements que cette "pause" nous aura permit de faire dans notre vie collective et dans nos vies individuelles?
        - Est-ce qu'on peut trouver un meilleur équilibre entre la nature en notre bonheur?
          - A-t-on trouvé le moment présent et est-ce qu'on essaie d'être heureux ici plutôt que de se projeter ailleurs dans le futur?

          Est-ce qu'on peut juste essayer... ce serait bien.

          J'avais hâte de vous partager mon analyse sans nécessairement engendrer de gros débat ou contredire les consignes officielles: je devais attendre que notre gouvernement dise les bonnes choses au bon moment... les annonces de dé-confinement prochain me semblent être un bon "timing".

          Mais j'en doute: Démarche scientifique oblige!

          samedi 4 avril 2020

          COVID-19 et démocratie post-pandémie


          J’avais écrit la lettre ci-bas le 1er avril.

          Elle a été transmise à 25 journaux de la Montérégie ainsi qu’à La Presse et au Devoir. 
          Trois d’entre eux ont « accusé réception » de ma lettre : Personne ne publie. Ils doivent avoir cru à un poisson d’avril!

          Pas grave: Ça me fait un blog de moins à écrire! 
          Mais bon…

          Je ne crois pas que « mon blog » soit le meilleur endroit pour publier cette lettre car je ne crois pas à 100% en ce que j’ai écrit... et mon blog se veut honnête. J’avais mis de l’eau dans mon vin avec l’objectif d’être publié. 
          Rajoutons un peu de vin!

          Je vais donc laisser la « version journal » ici mais je vais la commenter avant que vous la lisiez.

          1- Je n’aime pas, en général, la vision de la CAQ. J’ai peur de leur vision de « retour à la vie normale ».

          2- J’ai voulu être poli… même si je crois vraiment que les bonnes décisions sont prises au niveau de la santé publique.

          3- J’accepte aussi que l’État soit autoritaire de façon temporaire. Si tous les citoyens avaient du jugement, ce ne serait pas nécessaire… mais ce n’est pas le cas! Le bien commun doit passer avant les libertés individuelles.

          4- M. Legault passera à l’histoire. Bonne ou mauvaise (nous le saurons plus tard), sa gestion de la crise sera documentée, analysée et commentée… Et la période que l’on vit sera nommée. J’aimerais qu’on ne parle pas d’une deuxième « Grande noirceur ». (C’est là ma préoccupation : j’ai peur qu’on restreigne nos libertés, qu’on nous cyber-surveille avec nos GPS, qu’on retrace nos transactions si on en vient à interdire l’argent cash, etc. Alors qu’il y a tellement une belle occasion de proposer une société meilleure.)

          5- Les gens ont confiance en la CAQ en ce moment. S’il y a quasi-unanimité caquiste au parlement après la prochaine élection, l’opposition devra tout de même s’exprimer. Si elle ne peut pas le faire au Salon Bleu, c’est dans la rue qu’elle voudra le faire (ou en ligne). Verra-t-on des arrestations d’opposants? Les ingrédients seraient en place pour un régime, bien qu’avec des intentions de bienveillance dont je ne doute pas, autoritaire ou totalitaire. Personne ne souhaite ça.

          6- L’avenir de notre société m’inquiète. Il y a une occasion de sauver la démocratie qui doit être saisie.

          7- Juste parce que "7" est un chiffre chanceux! Mais aussi parce qu'on devra trouver comment aplanir la courbe des changements climatiques!

          Voici donc ma lettre… Bonne lecture


          Granby, avril 2020.

          Monsieur le Premier Ministre,

          J’espère que vous, et vos proches, vous portez bien.

          Au cours du dernier mois, je n’ai cessé d’être impressionné par les actions de votre Gouvernement en ce qui concerne la gestion des enjeux reliés au virus COVID-19 : La santé de la population vous tient à cœur et vous en avez fait la priorité.

          Vous avez su communiquer un message clair et efficace permettant de maintenir les Québécoises et Québécois calmes, mobilisés et solidaires. À chaque jour, vraiment chaque jour, je suis satisfait du calme qui se dégage de vos points de presse et satisfait de la qualité des informations qui nous sont transmises.

          J’ai confiance que tous les efforts donnent et donneront d’excellents résultats.

          Votre équipe est en train de créer un « Master class » de gestion de crise. C’est rassurant.

          Il est évident que vous passerez à l’histoire comme étant un dirigeant responsable ayant fait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger la population en « bon père de famille ». Vous avez écouté les conseils des experts en santé publique et transmis adéquatement leurs messages aux citoyennes et citoyens du Québec. C’est tout à votre honneur.

          N’écoutez pas ceux qui y voient un opportunisme politique de court terme car c’est l’Histoire (avec un grand H) que vous écrivez présentement. Le Québec vous en remerciera longtemps.

          Ceci étant dit…

          Je crois que vous pouvez aussi laisser votre trace dans la vie démocratique de ce pays et j’aimerais voir votre nom inscrit dans les livres d’histoire pour une deuxième raison : La réforme du mode de scrutin doit être faite avant la prochaine élection afin que la démocratie soit sauvée au Québec.

          Constatons tout d’abord le taux de satisfaction dont vous jouissez dernièrement : peu importe la source du sondage, vous survolez les 85% d’appui.
          Je fais partie de ces 85% de citoyens satisfaits par votre gestion de la situation liée au coronavirus. Cependant, je suis aussi préoccupé par l’avenir de notre démocratie. Vous avez tellement été à la hauteur de la situation actuelle que l’équilibre démocratique pourrait en subir les conséquences.

          Imaginez, avec notre système électoral actuel, la composition du prochain gouvernement : 125 députés Caquistes. Le scénario semble exagéré, oui, mais ça me semble tout de même probable. Personne, même vous, ne souhaite ça.

          De quoi notre démocratie aurait-elle l’air avec un Parti unique au pouvoir? Je vous le demande.

          En démocratie : des députéEs d’opposition c’est essentiel.

          Vous avez l’occasion d’être reconnu non seulement comme un grand politicien, mais aussi comme LE plus grand Premier Ministre de l’Histoire du Québec, celui qui aura permis de sortir du coronavirus plus forts et unis que jamais. Voire même un modèle inspirant de l’Histoire des démocraties humaines modernes.

          L’Histoire donnera un nom à cette époque de transition post-COVID-19. Votre nom personnel y sera associé.

          Souhaitons que ce soit un nom positif reflétant la capacité du peuple Québécois à innover, à se prendre en main, à tirer les leçons de la pandémie et à créer une société juste et résiliente.

          L’occasion est là. Elle ne se représentera pas.

          Écrivez l’Histoire, monsieur Legault.

          Tout en étant presque assuré de former un gouvernement majoritaire lors de la prochaine élection, vous pouvez être celui qui aura mis en place la réforme du mode de scrutin au Québec.
          Un gouvernement majoritaire avec vraiment plus de 50% des voix. Une représentation de l’appui réel que vous vous êtes mérité… tout en ayant une opposition représentative de la société québécoise.

          C’est une occasion qui ne se représentera pas deux fois.

          Passez à l’Histoire, Monsieur Legault, pour le bien du Québec et de sa santé démocratique.

          Demandez au DGEQ d’embaucher plusieurs experts et de nous préparer cette réforme avant la prochaine élection de 2022. Ou repoussons cette élection à 2023, si nécessaire. Je crois que le contexte nous en donne le droit.
          C’est, en plus, une belle création d’emploi au DGEQ. 
          Surtout que la crise du plein-emploi que nous vivions il y a quelques mois est maintenant chose du passé.

          Nous vous en remercions à l’avance, Monsieur Legault.

          Continuez l’excellent travail d’aplanissement de la courbe permettant de protéger les plus vulnérables d’entre nous. Nous continuerons, en tant que population, à poser les bons gestes avec vous afin de retrouver, le plus tôt possible, les gens que nous aimons.

          En attendant cette prochaine élection que je souhaite plus représentative, mes salutations solidaires,

          Benoit Lapointe
          Citoyen en quarantaine.