vendredi 19 octobre 2018

Pas besoin d’être gelé pour en rire!


Ça me fait rire. Ça me fait rire qu’on ne soit pas encore prêts.
Ça fait deux ans qu’on le sait que ça s’en vient. Ça a été fait ailleurs. Il y a même des pays où l’on a documenté que la décriminalisation des drogues avait favorisé une baisse de la consommation et une baisse des « overdoses » (on parle ici d’autres substances : pas de surdoses de cannabis!). Tsé, la fête Nationale... depuis que je suis petit que ça sent le pot! La légalisation n'y est pour rien.

On n’est pas prêts? « Come on! »

Me semble que ça n’avait pas besoin d’être chaotique, pas besoin d’être difficile à comprendre. Y’a toutes sortes de règlements qui existent déjà et qu’on aurait pu utiliser pour que personne n’ait à se poser de questions s’il pouvait fumer son joint ici ou là. Pour faire simple, on n’aurait qu’à utiliser les règles en place concernant le tabac et l’alcool et ce serait facile à comprendre et facile à appliquer.
Ma proposition est assez simple : Pour avoir le droit de fumer un joint (ou une pipée!) à un endroit donné, il faut simplement avoir le droit d’y fumer du tabac ET de consommer de l’alcool. Me semble que ça faciliterait la vie du consommateur qui se demande s’il est permis de fumer à un certain endroit… et que ça faciliterait aussi le travail des policiers qui pourraient dire « Comme tu sais, ici tu ne peux pas fumer la cigarette et/ou ici tu ne peux pas boire de l’alcool ». Tsé, avoir une référence que tout le monde connaît parce que « nul ne peut ignorer la Loi », comme ils disent! 
Pour l’application de sanctions en cas de non-respect de la règle, on applique la plus sévère entre celle applicable pour le tabac ou pour l’alcool. Ce n’est pas parfait, mais pour la première année, il me semble, ça aurait été une façon simple de faire la transition. On s’ajusterait ensuite!

Je vous donne quelques exemples :
  • Sur la terrasse d’un bar : Je peux boire de l’alcool mais je ne peux pas fumer de cigarette. Donc, je ne peux pas fumer un joint.
  • Sur le trottoir : Je peux fumer une cigarette mais je n’ai pas le droit de boire de l’alcool. Donc, je n’ai pas le droit de fumer de marijuana.
  • Au volant de ta voiture : Tu ne peux pas boire d’alcool et tu peux fumer la cigarette. Peux-tu fumer un joint légalement : NON.
  • Sur le balcon de mon appartement : J’ai le droit de boire de l’alcool et de fumer la cigarette. Donc je peux fumer un joint.
  • Au festival de Jazz sur les sites extérieurs : On peut fumer le tabac et boire de l’alcool. C’est donc théoriquement et légalement « ok » pour le joint. 

Pourquoi nos gouvernements sentent-ils qu’il faut faire plus compliqué que ça? J'en sais rien.

Ensuite, c’est à chaque consommateur d’user de son jugement afin de favoriser un vivre-ensemble harmonieux… ce n'est pas aux autorités d'en décider. Genre : t’as le droit de fumer chez toi mais une « fête d’enfants » n’est peut-être pas le meilleur moment pour le faire à l’intérieur. On essaie déjà de ne pas se saouler dans une fête d'enfants, on suivra la même logique.

Parlant d'eux: Y’a aussi tout ce qui concerne les discussions à avoir avec nos enfants sur le sujet… Eh bien, même au temps où la substance n’était pas légale ces discussions pouvaient avoir leur place au même titre que les discussions sur l’alcool ou la sexualité. Chaque famille est différente, chaque famille fait son possible.

À suivre...

vendredi 28 septembre 2018

Élections Québec 2018: Les grands gagnants.


Il faudrait être devin pour prédire l’issue de l’élection 2018 au Québec.

Or, je ne suis pas devin. Je peux cependant vous prédire sans me tromper qui seront les grands gagnants de cette élection. Oui, oui!

Pendant longtemps, à travers les groupes de pression, les syndicats, les organismes communautaires et leurs manifestations, nous avons forcé les gouvernements à ajuster leurs politiques afin de maintenir un équilibre entre les différents intérêts économiques et sociaux de notre société. Il y a eu des gains : semaine de travail de 40 heures, salaire minimum, congés parentaux, services de santé et d’éducation publics, etc. Mais on a toujours donné le minimum nécessaire à la paix sociale alors que la société civile demande des conditions de vie digne pour tous.

Pourquoi?

C’est assez simple. On a toujours tenté, à coup de petites concessions, de maintenir une impression de « on a fait un petit pas dans la bonne direction et on continue à avancer » dans l'esprit du plus grand nombres de gens possibles (certains politiciens y croient même vraiment!). Mais l'idée est de maintenir les citoyens occupés par leurs combats sans jamais vraiment leur donner pleine satisfaction. Ainsi, les privilèges des privilégiés restent relativement intacts et ils peuvent continuer d’empocher la plus grande part de la croissance économique. Les gouvernements adoptent donc leur fameux discours : « faut d’abord créer de la richesse si on veut améliorer les conditions de vie des gens ». Pendant ce temps, le PIB a plus que doublé au cours des 40 dernières années... et les 10% de mieux nantis se sont accaparés plus de la moitié de cette richesse.

Qu’est-ce qui va changer après cette élection?

En fait j’aurais dû demander : Pourquoi la volonté populaire n’a pas eu plus d’impact à ce jour?

La réalité est que, tant qu’une alternative politique ne menaçait pas les Partis en place, il n’y avait rien à craindre pour ces Partis. On donnait aux gens de quoi les maintenir relativement tranquilles et on savait qu’ils n’avaient d’autres choix que d’essayer de choisir le « moins pire » à la prochaine élection. Que les règles en place se maintiendraient et que l’équilibre social allait toujours continuer de favoriser les mêmes gagnants. 
Et ne nous mentons pas, si on se compare : « Il fait bon vivre au Québec ».

L’arrivée de Québec Solidaire en tant qu’option possible change la donne.

Peu importe le nombre d’élus solidaires le 1er octobre, je me permets déjà d’annoncer que les citoyens sortent déjà gagnants de cette campagne électorale. Les politiciens de carrière savent maintenant qu’ils devront s'améliorer afin de pouvoir compter sur des votes qui leurs étaient auparavant acquis, faute de mieux. On devrait donc les voir ramener l’équilibre social vers un bénéfice plus grand pour le plus grand nombre. C’est déjà commencé : Les promesses des autres Partis, en cours de campagne, se sont ajustées au discours de QS, se sont déjà rapprochées des vraies préoccupations des citoyens. Et ça, déjà : C’est une grande victoire pour le Québec!

Et s’ils ne tenaient pas parole? On saura pour qui voter majoritairement la prochaine fois!
Pour l’instant, savoir qui sera au pouvoir m’importe peu : C’est de voir naître un désir de justice sociale et une préoccupation environnementale chez la population qui me fait du bien. C’est de rêver que le prochain Gouvernement aura entendu le message. 
C’est de me dire qu’au pire, on aura compris dans 4 ans.

dimanche 18 février 2018

Le temps d'une conscience sans frontières.

Dans ma cours arrière, à Estelí, au Nicaragua, y’a des millions de fourmis qui font la file et qui transportent des feuilles toute la journée (Saviez-vous que la somme du poids des fourmis représente environ 15% du poids du total de toutes les espèces animales présentes sur la planète!?). Leur travail m’hypnotise et je divague dans mes pensées. Je pense à toutes les fois que je m’emporte dans des débats (utiles ou inutiles) sur les réseaux sociaux, je précise mes opinions, j’essaie de trouver comment mieux les communiquer.

Dernièrement, je suis beaucoup intervenu sur des questions de sport professionnel. Le salaire des joueurs me choque. Bien sûr, il y a sur notre petite (ou grande) planète des sujets beaucoup plus importants : la guerre, l’environnement, la justice sociale, la colonisation, etc. J’en suis arrivé à me demander : Mais pourquoi ça me choque tellement? Je vais tenter ici de préciser mes positions.

Je crois que ce qui me choque c’est qu’on accepte cette réalité. On ne réalise pas qu’au bout du compte c’est nous qui payons. Les ressources sont limitées sur la planète et, si certains ont les poches trop pleines c’est qu’il y en a qui ont les poches trop vides. Je vais simplifier dans le cas du sport. Directement : On paye pour la télé câblée et les télédiffuseurs paient des droits de diffusion aux équipes professionnelles. Indirectement : Chaque fois qu’on achète un produit, une partie du prix sert à payer les commandites et la publicité diffusée lors des parties. Cet argent suit son chemin vers les poches des équipes. Donc : on paye ces millionnaires qu’on le veuille ou non.  Ce n’est pas un marché parallèle à l’économie.

On peut aimer regarder le sport (sauf peut-être le Canadien cette année!) mais on n’a pas à accepter qu’un hockeyeur gagne en une période ce qu’on gagne en une année.
Mais comme me le rappelle mon ami Denis : La guerre c’est pire.

En effet. Mais… la guerre, on ne la voit pas au Québec ou en occident. C’est une réalité invisible qui ne nous touche pas directement. Même chose pour les conditions de travail et les impacts environnementaux de nos industries présentes dans les pays du Sud. Ce n’est pas directement notre réalité. On n’accepterait pas que ça se passe chez nous mais tant que c’est ailleurs… on vit relativement bien avec ça.

Il y a quelques années, une usine au Bengladesh s’était écroulée. Parmi les nombreuses victimes : des enfants. On disait : On boycott les produits de ces usines. Qui regarde les étiquettes de ces produits aujourd’hui?

On diffuse aussi largement les impacts environnementaux de la production d’huile de palme. Qui lit les ingrédients et s’empêche d’acheter une boîte de biscuits en spécial?

On a tous nos contradictions. J’écris ce texte sur un ordinateur qui contient différents types de métaux extraits par des enfants quelque part sur la planète. Je n’ai pas de leçons à donner. Oops!

L’an dernier, je prenais l’autobus chaque jour avec des travailleurs de la zone franche du Nicaragua. Une zone franche, c’est un espace qu’un pays cède à des entreprises étrangères en leur disant plus ou moins « ici, nos lois ne s’appliquent pas : faites vos affaires et ne nous faites pas la guerre » (tiens, on revient à un sujet important pour vrai : la paix!). Normes du travail et normes environnementales TRÈS flexibles afin d’accommoder des intérêts étrangers. Une forme d’esclavagisme moderne, quoi. Il y a 2 ans, je suis aussi allé « célébrer » un enterrement de vie de garçon avec des amis dans la zone franche de Bogotá (je ne savais pas avant d’y aller) et je me suis retrouvé dans un « bar de danseuses / Bordel » : Même les normes sur les droits humains ne s’appliquent pas dans ces zones! Mais nos entreprises y font des profits astronomiques et ça fait grimper la valeur de nos fonds de pensions. Les chiffres ne décrivent pas les impacts sur la réalité des populations : On ne fait que parler de données macroéconomiques et de rentabilité. Parce que, une fois à la retraite, il ne faudrait surtout pas que notre niveau de vie soit affecté, hein? On aime mieux fermer les yeux sur le niveau de vie des gens qui travaillent à notre place dans des conditions de misère pour nous permettre de bien vivre. Travailler pour payer indirectement les joueurs de hockey me frustre: Imaginez comment se sentiraient ces travailleurs s'ils savaient qu'ils financent nos retraites! Ce qu'on sait pas ne fait pas mal?

Ceci dit, je suis aussi le débat sur les médecins et l’ensemble du personnel des hôpitaux au Québec et il me semble que c’est la même situation. Les plus riches voient leur salaire augmenter alors que leurs « subalternes » sont de plus en plus confrontés à des conditions de travail inacceptables. Et je félicite les citoyens qui dénoncent cette situation. Et je félicite les médecins qui disent : « Je n’ai pas besoin de plus d’argent et j’aimerais que les hôpitaux fonctionnent mieux ». On est capable de voir ça car on a tous affaire avec le système de santé, on a souvent un parent qui travaille dans le domaine de la santé, on aimerait tous que nos taxes soient gérées de façon plus optimale. Ça nous choque tellement!
C’est un début de prise de conscience, de prise de position et de refus de l’injustice. Reste à faire déborder cette conscience de nos frontières.

L’exemple du sport professionnel, je l’ai pris parce que c’est aussi quelque chose auquel on est confronté tous les jours. On l’a dans la face et on l’accepte. Je crois aussi que, tant qu’on continuera d’être content pour les joueurs qui décrochent le gros lot (ou tant qu’on aimerait être à leur place, par jalousie), il sera impossible de faire évoluer les valeurs des gens vers la prise de conscience des réalités des guerres, de la pauvreté et de l’exploitation des pays du Sud et des populations autochtones. Si on accepte les injustices dont on est quotidiennement témoin, comment peut-on développer une empathie qui dépasse les frontières de l’occident?

C’est pour ça, cher ami Denis, que je m’attaque au sport : ça représente la pointe (sans mauvais jeu de mot avec mon nom de famille!) de l’iceberg!

Tout le monde est Charlie (même si 95% des gens n’avaient aucune idée de l’existence de Charlie et surtout du type de contenu qui y était diffusé) mais personne n’est Sud-Soudan… parce que les médias ne nous disent pas qu’il faut être solidaire et nos pays n’ont pas encore d’intérêts commerciaux dans cette région… (encore des points de suspensions!)… et parce que la vie d’un occidental vaut bien plus que la vie d’un Africain : c’est bien connu! Pensez-y: Ce qu'on ne voudrait pas pour nos enfants, il ne faut pas l'accepter pour les enfants des autres.

Il est temps de penser par nous-même...

Comme disait Freire : « Pour libérer l’opprimé, il faut aussi libérer l’oppresseur. »

Invitation à la réflexion… (et à l’action!)