Pour partir en ayant les choses au
clair :
« Compli » c'est pour pour
« compliquée »... pas pour « complices » ou
« compliments »...
Et comme j'aime bien que tout soit clair :
On s'entend, je n'ai passé que trois semaines en Colombie...
peut-être que je n'ai pas saisi quelque chose... Mais voici mes
impressions...
Dernièrement j'ai lu 1984 de George
Orwell : c'était la quatrième fois je pense. Il y a un
chapitre complet où le personnage lit le manuel interdit du groupe
luttant contre le système de Big Brother.
De mémoire, ça dit à peu près ceci :
« Si
on peut utiliser la plus-value, crée par l'efficacité de nos moyens
de production, au service du militaire plutôt qu'au service des
gens : on peut garder le contrôle sur la population dans un
climat de peur ».
La Colombie c'est compliqué.
En plus d'un demi-siècle de guerre
civile, ce sont trois générations de Colombiens qui sont nés dans
un climat d'incertitudes et de violence... et ça laisse des traces.
...Même si j'avais l'impression d'être dans un pays en paix
La Colombie c'est une course qui mène
à la paix avec une ligne d'arrivée qui s'éloigne quand on s'en
approche.
Le budget militaire du gouvernement
augmente au rythme de la croissance économique du pays ce qui fait
en sorte que la population (croissante) du pays se voit appauvrie. On
leur vend une illusion de désir de sécurité mais les gens ne
peuvent y croire même s'ils le désirent : ils sont nés dans
la crainte de l'inconnu et ça ne s'efface pas facilement.
Combien de fois me suis-je fait dire
« con cuidado »? Tous les jours, sans exception...
(« con cuidado » ça veut
dire, à peu près : « fais attention »)
De leur côté, les groupes
para-militaires, les FARCs (et autres) se sont livrés la bataille
pour leur financement à travers une pléiade d'activités illégales
telles le vol de terres aux paysans, le trafic de la drogue, les
enlèvements, etc. Quand la droite et la gauche se
militarisent et s'arment : le dialogue et la paix ne sont pas
des objectifs faciles à atteindre.
Quand chaque famille a ses morts causés par le conflit :
il est difficile de se sentir en sécurité dans la rue.
Et la Colombie a su dégager du beau de
tout ça.
Les Colombiens ont su créer des zones
de « vivre-ensemble »... la plupart du temps c'est la
famille (et quelques amis proches). Dans ces zones de confiance, la
vie est belle : on rit, on joue, on chante... La famille est ce
refuge sécuritaire dans ce monde de crainte. Ils sont beaux et
vrais. Le présent est précieux et on le vit : Ça m'a fait
penser à Haïti sur cet aspect...
J'ai aussi fait quelques centaines de
kilomètres « sur le pouce » et la plupart des gens qui
m'ont embarqué étaient très sympathiques : on m'a payé de la
bière, du jus, de l'eau ; on a discuté de tout et de rien... C'est comme ça que je veux voyager: que mon pétrole soit la générosité des gens!
Et les paysages! Ouf!
Mais ce n'était pas pour moi. J'ai
besoin de marcher sans crainte dans la rue.
J'avais envie de
connaître un pays en discutant avec les voisins, avec les gens dans
les bars... sans me faire dire chaque fois : « con
cuidado ».
Je veux vivre en faisant confiance à
mon prochain... si on me vole, ce sont des choses qui arrivent...
mais je veux continuer de vivre en faisant confiance à la majorité
des gens.
En Colombie, je ne pouvais pas, on ne
me laissait pas faire... on m'a convaincu que la peur était la
norme...
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